La ferme du Pra Simon, gîte à la Condamine, vallée de l'Ubaye

Histoire du Villard

Livre Lepont entre deux rivesLe jeune garçon marchait d’un pas résolu. Ses souliers cloutés, s’enfonçaient jusqu’aux chevilles dans le « quirel » jauni, de cette fin d’été.

Arrivé en haut, il se retourna :

Derrière lui l’Italie... Son enfance s’estompait dans les brumes du soir qui déjà montaient...

Devant lui, la France, son avenir, son devenir...

Sa silhouette se découpait dans le jour finissant.

Silhouette frêle et déterminée d’un enfant de onze ans franchissant seul, la frontière pour venir travailler en France.

... Quelques années plus tard, après avoir travaillé comme ouvrier dans les fermes du canton, le jeune homme fonde une famille.

Il s’installe au « Villard de la Condamine », dans la ferme qu’il vient d’acheter.

On est en 1880, c’est l’arrière grand-père de Julien.

Depuis, quatre générations de Garino se sont succédées au Villard, dans la ferme familiale. Cette ferme n’a pas subi les affres du temps. Après 200 ans, toujours vaillante, elle reste un bâtiment imposant par son volume et sa construction. 


Elle est un peu comme une mère de famille... solide et autoritaire.

Solide pour résister aux épreuves du temps, aux tremblements de terre, aux hivers rigoureux.

Autoritaire pour marquer la différence et faire avancer les idées ; pour protéger aussi.

Bien campée sur ses fondations ventrues, un peu comme le ventre d’une femme, généreux, propice à la maternité qui va engendrer les générations.

Les pierres marquent sa solidité : elles résistent et sont présentes. On ne peut s’empêcher de les remarquer.

Matériau noble et discret, la pierre traverse le temps sans faillir ;

et si un mur s’écroule, il suffit de le remonter, souvent avec les mêmes pierres.

Sur ses épaules repose toute le vie du foyer.

La ferme est à la fois le lieu d’habitation, et le lieu de travail.

La cuisine est vaste, émouvante, avec ses voûtes prononcées.

La cuisinière à bois a résisté aux épreuves du temps, et toujours, elle ronronne.

La cuisine est chaude et feutrée ; à côté on trouve l’écurie, vaste et accueillante pour les brebis.

Ces brebis, qui, tout l’hiver, vont chauffer les chambres de l’étage.

La grange immense, à la porte qui grince, complète l’habitation.

La ferme, c’est le refuge, comme la mère de famille, elle rassemble, elle porte, elle protège, elle résiste.

Souhaitons longue vie à notre hameau, et à ses habitants.

Souhaitons y voir grandir nos enfants et petits enfants, assis à l’ombre de la grange, sur le banc, à côté du grand-père.